20ème Université d’automne du GDSA-29

Pour sa 20ème Université d’automne organisée le 17 novembre 2018 au Nivot, le GDSA 29 avait le plaisir de recevoir M. Yves Le Conte, directeur de recherche à l’INRA/Avignon qui est intervenu toute la journée à cette occasion.

Yves Le Conte lors de son intervention à l'Université d'automne du GDSA-209

Yves Le Conte lors de son intervention à l’Université d’automne du GDSA-29

Une assistance attentive lors des exposés  d'Yves Le Conte

Une assistance attentive lors des exposés d’Yves Le Conte

Phéromones et régulations sociales dans les colonies d’abeilles.

La matinée est consacrée aux phéromones et aux régulations sociales dans les colonies d’abeilles.

Pour mieux connaître le jeux des phéromones dans les colonies d’abeilles, il est possible de consulter les thèses suivantes :

Communication chimique et régulations sociales dans la colonie d’abeilles (apis mellifera L.)” Alban Maisonnasse – Directeur de thèse Dr Y. Le Conte.

Effets de Nosema ceranae (Microsporidia) sur la santé de l’abeille domestique Apis mellifera L.
Claudia Marcela Dussaubat-Arriagada – Directeur de thèse Dr Y. Le Conte.

L’organisation sociale d’une colonie d’abeilles est basée sur la communication, la division des tâches et la plasticité de la colonie. La communication entre les abeilles prend plusieurs formes, dont la communication chimique par les phéromones incitatrices ou modificatrices.

Yves Le Conte nous présente les principales phéromones incitatrices et modificatrices ainsi que leurs effets sur la colonie, les individus, … Sont présentés les phéromones de Nasanov, d’alarme, royales (QMP, ou Queen Mandibular Pheromon), les phéromones du couvain, celles liées aux butineuses ou au butinage.

Il aborde également la division du travail au sein de la colonie qui s’effectue selon l’âge des imagos : c’est le polyéthisme d’âge. Cette division du travail est sujette à la plasticité du comportement des individus, qui permet à la colonie de s’adapter à diverses situations. Les facteurs de ces mécanismes de régulation du développement comportemental des ouvrières peuvent être endogènes, comme la génétique des individus, ou exogènes comme les phéromones.

Ce premier exposé présente finalement une synthèse des phéromones connues et des mécanismes de régulations sociales associés mais aussi quelques une des nombreuses questions scientifiques concernant les phéromones qui restent encore ouvertes aujourd’hui.

 

Varroa destructor, quelques rappels, pathologies associées…

Après déjeuner, M. Yves Le Conte reprend la parole avec un exposé sur Varroa Destructor.

Cet exposé commence par un bref rappel sur l’origine et la répartition de Varroa, son cycle biologique (et de reproduction) ainsi que les pathologies associées et sa dynamique de population.

La seconde partie de l’exposé revient sur l’état des connaissances concernant le traitement des colonies d’abeilles face à Varroa.

Les produits pour un traitement conventionnel et en bio sont rappelés, puis, Yves Le Conte explique les problèmes et limites des approches actuelles (efficacité, résistance, effets non désirables) et le besoin d’élaborer des approches nouvelles. Celles-ci peuvent porter sur la sélection du cheptel apicole, et en particulier en privilégiant l’élevage des abeilles VSH/SMR. Ces pistes sont actuellement explorées par l’INRA, mais des programmes de sélection d’abeilles VSH/SMR existent non seulement en France à l’INRA, mais aussi dans plusieurs équipes dans le monde (Allemagne, USA, Pays-Bas, Nouvelle Zélande).

 VSH : Hygiène spécifique au Varroa (Varroa Sensitive Hygiene)
  SMR : Suppression de la reproduction de varroa (Suppression of mite reproduction)

Les abeilles VSH développent un comportement hygiénique face aux Varroas en limitant leur population par un retrait du couvain infesté. Certaines nymphes d’abeille provoquent l’inhibition de la reproduction du Varroas. Lorsque ces abeilles sont également VSH, on considère qu’elles sont SMR.

La sélection de ces abeilles requiert d’évaluer le caractère VSH des souches (ou phénotypage), ce qui s’effectue en mesurant l’infestation en Varroas des cellules de couvain fermé. Le principe consiste à ouvrir les cellules et à énumérer les varroas présents.

Notons que le test d’hygiénisme par couvain congelé ne fonctionne pas pour l’évaluation VSH (mais reste conseillé pour la sélection de souches résistantes aux loques).

La sélection des abeilles VSH est donc couteuse à cause du phénotypage, alors que ces abeilles offrent des avantages forts (caractère héréditaire du VSH, qui doit permettre d’alléger les traitements anti Varroa).

Dans l’objectif d’améliorer la conduite des plans de sélection VSH (et plus précisément de leur phénotypage), l’INRA a identifié l’odeur qui permet aux abeilles de détecter le couvain infesté par les ouvrières.

Le but est de proposer aux apiculteurs un outil d’évaluation du caractère VSH de leurs colonies. Un outil de ce type peut prendre la forme d’un spray à appliquer sur le couvain à tester afin d’évaluer le taux de nymphes évacuées. Une approche alternative consiste à étudier le profil génétique de la souche à tester afin de vérifier son caractère VSH/SMR.

Principales causes de mortalité d’abeilles.

Le dernier exposé aborde les principales causes de mortalité d’abeilles. M. Y. Le Conte revient sur l’histoire des pertes d’abeilles depuis 1995.

Avant 1995, une mortalité inférieure à 10% était la norme ; ce qui n’est plus le cas aujourd’hui dans la majorité des pays occidentaux.

Les principales causes de surmortalité sont

→ Varroa (problème d’efficacité des traitements, des résidus dans les cires, du manque de contrôle de l’efficacité), des virus associés à Varroa (manque de connaissance sur les virus),

→  Nosema ceranae (qui contribue probablement aux fortes mortalités hivernales),

→ des nouveaux prédateurs comme le frelon asiatique,

→ d’une alimentation déficiente (baisse de la diversité en ressource florale, artificialisation de l’environnement, remembrement, etc.),

→ du changement du climat,

→ des pratiques apicoles,

→ des pesticides car de nombreuses molécules de sources diverses (matières actives et métabolites de traitements apicoles, agricoles et autres) avec des actions de synergies possibles se retrouvent dans les ruches.